Il se tenait devant le frigo, un bouquet de fleurs à la main.
Des semaines qu’il préparait cette journée. Les cachous pour l’haleine, les fleurs, le gel dans les cheveux, la chemise de beau gosse, la musique sur le téléphone, et surtout… la bague. Tout était parfait.

Et voilà qu’un putain de frigo venait tout foutre en l’air.
Et pas n’importe quel frigo : un mastodonte, 187 cm de haut pour 120 cm de large, deux portes battantes en inox, 147 kg pour seulement 35 dB, un volume utile de 716 litres, l’alliance de la beauté et de l’efficacité, la pointe de la technologie.

Mais qu’est-ce qu’il foutait là, au beau milieu du trottoir, à cet endroit précis ? Sans doute un déménagement en cours. Pas de camionnette à proximité pourtant, rien qui n’expliquât la présence inattendue et inadéquate de ce frigo à l’heure où les amoureux se promènent, à l’heure des promesses murmurées, à l’heure des demandes en mariage.

Victor se tenait devant le frigo, son bouquet de fleurs à la main, dubitatif.
Il se mit à tourner autour de l’appareil, en se demandant comment le déplacer. Il n’en avait jamais vu d’aussi gros. Il regarda sa montre, il était 19 heures. Heureusement que je suis arrivé en avance. Voilà ce qu’il pensait.

(…)